Valse Froide de Pierre Thiry

 


C'est avec plaisir que j'ai reçu mon exemplaire de « Valse froide », gentiment dédicacé par l'auteur (que je remercie beaucoup pour son attention et ses mots...) et j'ai attendu le bon moment pour attaquer ce petit recueil de nouvelles qui séduit par sa qualité et sa profondeur.


En faisant livresquement connaissance avec Pierre Thiry, j'ai découvert un amoureux des mots, animateur d'ateliers d'écriture (on retrouve dans le recueil l'esprit jovial et audacieux propre à ceux ci), romancier, poète prolifique et conteur pour enfants (et grands enfants peut être?) C'est donc avec une certaine attente que je me suis lancée dans la lecture et je n'ai pas été déçue.


Je vais traiter séparément les trois nouvelles proposées, mais elles possèdent toutes des points communs : leur rapport à la musique (par l'harmonie, le rythme, la musicalité), à l'art, à la vie et leur point d'appui sur la poésie.


Le recueil débute avec une nouvelle du même nom « Valse noire » et le personnage d'Eve, à deux périodes différentes de sa vie : pendant l'enfance, puis à l'âge adulte. Ces deux moments font lien et se complètent.

Avec la petite fille, on assiste à un moment clé de sa vie, alors qu'elle observe une danse imaginaire des nuages, portés par une valse de Berlioz (Symphonie Fantastique) La musique contraste avec la tristesse du personnage. Une progression douce et mélancolique mène du contemplatif au tragique.

La petite fille devient grande, et si elle dompte son imaginaire débordant au profit de la création, la valse l'accompagne toujours. Les rêves non plus ne l'ont pas quittée.

Eve crée, elle sculpte, elle est artiste, toujours portée par la musique...

L'auteur nous guide dans son processus de création, nous dévoile la poésie qu'elle cherche dans la vie,et cette musique omniprésente qui nourrissent son imaginaire et son art. Car, tout est art et construction de mondes...

L'auteur nous livre les pensées d'Eve sur sa fille, ses réflexions sur la destinée et la fatalité, mais aussi sur son histoire, sa tragédie, sa blessure muette.

L'écriture de cette nouvelle poétique est maîtrisée. Des paragraphes courts apportent du rythme, celui d'une valse douce-amère. La plume est agréable et précise. L'auteur se joue des mots, les choisit avec soin et générosité pour ses lecteurs.


La nouvelle suivante « Lia Métonymie », propose une ambiance différente. La poésie « Clermont Ferrant » sert de paragraphe d'attaque à la nouvelle, la ville du même nom un cadre spatial.

C'est l'histoire d'une rencontre (rendue possible grâce à un livre), l'histoire d'un homme qui tombe sous le charme d'une inconnue un peu fantasque. Ses paroles sont une musique harmonieuse et rythmée. De nature joviale, elle trouve de la beauté dans le moindre détail banal de la vie.

Le style est élégant teinté d'une poésie naturelle et fluide. Celle ci s'appuie sur le rythme et l'harmonie, sur la nature, les rêves et la vie. Les arts poétiques et musicaux s'entremêlent à la vie, aux hasards et à la destinée. Le quotidien devient un terrain de jeu pour l'imaginaire, la création et le merveilleux.

Le récit à la deuxième personne offre une narration singulière et intimiste, un regard témoin et attendri de cette belle rencontre,sans pour autant être envahissant.


La troisième et dernière nouvelle, « La plume rebelle » s'appuie sur le poème « Apollon ».

Apollon, dit Léon, coq et star de sa basse-cour charme la faune environnante, et même les humains, par son chant harmonieux. Sa différence, un petit détail, une plume rebelle, ajoute à son charisme, mais choque le fermier adepte de rigueur et hermétique à tout désordre et à toute poésie, quelque soit sa forme.

Cette plume nous mène au fil du récit, sert de fil conducteur, comme une note poétique et rebelle dans un monde de brutes. Elle prend en main sa destinée...

L'écriture est ironique, voire même cynique.

Dans ce récit, deux plumes s'amusent, celle du récit et celle de l'écrivain, à mener le lecteur jusqu'à l'essentiel : l'écriture... encore et toujours.


Ces trois nouvelles m'ont séduite chacune à leur manière. Je me suis laissée porté par la musique, la poésie, l'imaginaire, la vie, et surtout par les mots. J'ai senti et ressenti le plaisir qu'a pris Pierre Thiry à l'écriture de celles ci.

Je le remercie pour cette excellente découverte et pour sa confiance.

Le livre, quant à lui, suit le chemin de la plume rebelle. Il a suscité la curiosité d'un ado de 17 ans, amoureux de la littérature, de la poésie et des mots et a déjà rejoint sa pile à lire.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Bigué de Frédérique de Lignières(éditions l'Andriague)

Les succulentes de Marieke Aucante editions L'Andriague

La chasse est ouverte d'Eve.C.Mercé