L'horloge, Claire et notre voyage en train vers la mer de Belinda Bonazzi

 


J'ai dès le début été immergée dans récit, happée par la plume agréable et claire de l'autrice.

S'y met en place le personnage principal, la narratrice qui se raconte à la première personne : sa vie quotidienne pas forcément palpitante ou plutôt devrais-je parler de son absence de vie. Ce personnage semble en mode survie, sans superflu, sans éclat, ni exaltation, comme si elle avait arrêté de vivre après la mort de son frère Bruno décédé dans un accident de la route. En effet, le thème principal de ce roman est centré sur le deuil : les difficultés du processus et de l'acceptation.

Pourtant, sa rencontre avec Claire chamboule son tain train quotidien et bouleverse toute sa vie.


On apprend à connaître la narratrice au fil des mots et des pages, dans ses pérégrinations avant, pendant et après le voyage. On assiste à sa prise de conscience, à son évolution progressive vers la vie, vers sa vie. Il existe donc un avant et un après le voyage et une évolution significative pour ce personnage, qui finalement ne demande qu'à prendre son envol. Malgré la monotonie de sa vie, elle révèle une âme curieuse, forte et chaleureuse, ce qui en fait un personnage attachant, qu'on aime suivre.


Grâce à Claire, une inconnue rencontrée parcequ'elles ont Bruno, leur demi frère décédé, en commun, le récit prend une autre tournure. Elle représente le déclencheur du récit : un tourbillon entraînant et souvent surprenant.

Claire est un personnage à la fois simple et complexe :solaire, fantasque, communicative, instable, et fuyante, toujours occupée par monts et par veaux et pourtant cachant une fragilité. Personnage haut en couleur, elle montre une vive intelligente et une âme charitable. Elle respire la vie, malgré ses failles et entraîne la narratrice dans sa danse. Tout le monde aime Claire, tombe sous son charme et elle le rend à tous, sans exception.


Les rencontres humaines, riches et multiples sillonnent le récit, s'avérant plus ou moins marquantes. Ces personnages secondaires occupent bien leur place dans l'intrigue, avec leur rôle à jouer, comme sur une scène où se déroulerait la vie de la narratrice.

On retrouve dans le récit beaucoup d'humanité et de bienveillance. Ce côté chaleureux, rassure et fait chaud au cœur.


L'intrigue tourne donc autour du deuil, mais aussi autour des hasards, de la destinée, de l'horloge « oracle »et des trains. Objets symboliques, leur présence n'en est pas moins omniprésente dans le récit (de manière concrète ou symboliques), interpellant la narratrice, lui laissant le soin de l'interprétation. En effet, l'horloge à un dessein pour elle... et pour savoir lequel, il faut lire le roman (je n'en dirai pas plus!)

Si l'intrigue reste linéaire, on assiste à de nombreuses digressions oniriques, fantasques, parfois agréables et plaisantes, parfois beaucoup moins paisibles voire cauchemardesques. Entre rêve et réalité, difficile de cerner l'essence du moment, mais ce n'est pas un soucis, bien au contraire. On se laisse porter par ces vagabondages.

Au final, c'est donc une histoire, mélancolique, tendre, parfois rocambolesque, parfois attendrissante, prenante.


La narration à la première personne m'a semblé très pertinente pour mettre en place le récit et l'intrigue avec une immersion sans connaissance des buts cachés à la narratrice, des secrets et non dits... Elle permet également un côté intimiste.

Si parfois elle prend des chemins un peu déroutants, ceux ci s'avèrent tout à fait charmants...

L'écriture poétique, imagée, fluide et claire permet l'aboutissement de ces caractéristiques.


En conclusion, j'ai été totalement charmée par le récit et la plume de l'autrice. Un coup de cœur livresque pour une histoire simple fantasque et attendrissante (même si parfois grave).

A découvrir !


Je remercie Belinda Bonazzi pour sa confiance et son indulgence (pour mon retard) et merci pour cette excellente lecture !

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Bigué de Frédérique de Lignières(éditions l'Andriague)

La chasse est ouverte d'Eve.C.Mercé

Comme dans le film ! de Serge Meynard (éditions Baudelaire)