The hate you give Angie Thomas

 


L'Amérique est sous le feu des médias depuis hier soir pour une actualité peu reluisante concernant le droit des Américaines à disposer de leur corps et le leur vie. Parallèlement, on assiste à un renforcement (loin d'être innocent) des droits relatifs au port d'arme.

Pourtant, ce pays souffre déjà des multiples fusillades qui l'ont meurtrie et endeuillée de bien des manières. Je ne cherche plus la logique... je crois que le bon sens a claqué la porte, pour laisser place à un fanatisme rance.

Ne nous leurrons pas, nos droits pourraient se retrouver menacés de la même façon si nous laissons une situation malsaine s'installer en France. Il ne faut pas relâcher l'attention et les efforts si nous voulons conserver notre liberté et nos droits.


Mais, c'est sur un autre sujet (pas si éloigné tout de même) que je vais aborder avec mon retour sur « The hate you give », roman contemporain en phase avec le mouvement « Black lives matter»


C'est un livre que j'ai découvert un peu par hasard lors d'un shopping livresque. La couv m' a immédiatement tapé dans l’œil et le résumé a fini de me tenter.

Peut être suis-je passée à côté, mais je n'ai pas eu l'occasion de le voir sur Booksta ou Booktube.

Pourtant, ce livre poignant et les messages qu'il délivre sont plus que nécessaires.


Dans ce roman d'Angie Thomas, Starr est une jeune adolescente de 16 ans qui vit dans un quartier défavorisé, où les gangs mènent leur loi. Pourtant, elle fréquente un lycée plutôt chic au public majoritairement blanc. Écartelé entre ces deux mondes, entre son quartier qui lui est si familier et sa vie de lycéenne rêvée, Starr n'arrive pas à faire se rejoindre ces deux réalités et à trouver sa réelle identité. Une chose reste certaine : son amour pour sa famille.


Starr est donc, presque une adolescente comme les autres, jusqu'au drame...

Arrêtée avec son ami d'enfance Khalil, pour un contrôle de police, elle assiste impuissante au meurtre de ce dernier par l'agent de police. Elle est l'unique témoin...

Évidemment, chacun a son opinion sur les faits. La presse s'empare de l'affaire, présente Khalil comme un dangereux dealer, membre d'un gang et le policier comme un agent qui s'est senti en danger. On parle d'autres éléments mettant en cause son ami. Alors meurtre ou légitime défense ? Khalil a t-il mérité son sort, comme le laissent sous-entendre les médias ?

Seule Starr sait ce qui s'est vraiment passé. Elle connaît Khalil... Mais elle préfère garder l'anonymat, se remettre de son traumatisme, et vivre sa vie comme avant... mais est-ce seulement possible ?


Pour surmonter son traumatisme, Starr peut compter sur ses proches, sur son entourage pour la soutenir malgré les difficultés, malgré la barrière qui la sépare de ses ami.e.s du lycée, malgré ses amis du quartier qui lui reprochent son éloignement, malgré les gangs menaçants, malgré ses difficultés familiales.

J'ai adoré suivre Starr, dans sa vie et ses conflits, mais aussi sa famille un peu particulière (ses parents dont on peut découvrir l'histoire dans « Concrete rose : quand une rose pousse dans le bêton ») ses frères. Leur quartier est vivant, les personnages, du voisin sympathique à la vieille dame acariâtre sont traités avec humanité. Le récit est crédible, on sent le vécu !


Dans le récit, la parole devient un symbole. Qu'elle soit gardée ou donnée, elle est utilisée pour résister, lutter, protester. Elle est la clé. Bien utilisée, elle peut passer au-delà des injustices, soulever les esprits, changer les mentalités.

Dans le roman, bien des messages passent par la plume d'Angie Thomas et on se rend un peu mieux compte du vécu des personnes de couleur en Amérique. Mieux comprendre ? Peut-on vraiment comprendre quand on ne connaît pas un tel degré de discrimination et de violence : violence des gangs et violence des autorités.Je n'ai jamais appris à mon garçon à ne pas se laisser tenter par les promesses séduisantes d'un gang ou comment se comporter lors d'un contrôle policier pour en sortir vivant. Non, je ne peux sans doute pas prétendre comprendre pleinement ces familles confrontées à la violence, comme si elle était une banalité du quotidien.

Ces familles essaient de s'en sortir avec honnêteté et dignité dans un monde qui n'est pas fait pour elles. Ce sentiment renforce mes sentiments d'empathie et d'admiration à leur égard...


Ce livre est une pépite que je conseille aux jeunes ados, comme aux plus vieux. Il est essentiel et peut se lire indépendamment de Concrete Rose, mais j'avoue regretter de ne pas l'avoir fait avant. Je le lirai tout de même avec plaisir, même si ce « deuxième » tome m'a bien spoilé l'histoire.

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