Execution de Pascal Marmet

 


J'ai vu passer de nombreuses photos d'Execution sur Instagram et la couverture m'intriguait beaucoup. Après lecture du résumé, je me suis décidée, je ne voulais pas manquer la lecture de ce polar.

En avant propos, l'auteur, Pascal Marmet, nous présente la personne qui a inspiré son personnage principal, le commandant Chanel, et sans nous dévoiler le moindre indice, jette un flou sur le rapport fiction/réalité... l'art de nous hyper dès le début !

Il évoque également le 36 quai des orfèvres, lieu mythique. Le récit se déroule en 2016 avant que un changement pour des locaux plus modernes.

J'ai beaucoup aimé cette introduction qui m'a tout de suite entraînée dans la lecture


Autre particularité, l'intrigue offre un clin d’œil à un roman classique, « Madme Bovary » et chaque chapitre débute par des citations tirées de celui ci. Cette évocation au roman célèbre, loin d'être gratuite, tient un rôle dans le récit, mais je n'en dévoilerai pas plus. Il faut découvrir ces détails et influences au fil du récit.


L'intrigue respecte les codes du polar, mais j'ai été agréablement surprise de découvrir une écriture riche détaillée et soignée plutôt que directe et incisive. C'est plaisant de se retrouver dans une narration immersive et crédible, de par ses détails, ses descriptions soignées, ses anecdotes diverses. Elle ne manque pas de rythme et de vivacité pour autant. Le récit s'enchaîne dans des chapitres courts.

Le récit reste basé sur le schéma classique,meurtre et enquête, mais nous entraîne sur une enquête semée d’embûches et l'auteur sait brouiller les pistes par de nombreuses sous-intrigues. Au fil du récit, mes certitudes quant au véritable coupable, furent bousculées, même si je ne fut pas surprise au final.


Le personnage principal, François Chanel, commandant chargé de l'enquête du meurtre d'un célèbre avocat est un travailleur acharné, déterminé, mais discret, voire austère et solitaire au regard des autres. Pourtant, c'est un meneur d'équipe, fin psychologue, il encourage son équipe et fait preuve d'ouverture d'esprit.

La victime, l'avocat célèbre, Maître Nicolas Fender, n'est pas un personnage sympathique. Imbus de sa personne, il s'imagine que tout lui est dû. Passionné par Flaubert et plus particulièrement par Madame Bovary (jusqu'à l’obsession), fétichiste et prédateur sexuel, on a dû mal à éprouver de l’empathie pour lui et à se révolter de son meurtre...

Les femmes tiennent un rôle plus important qu'on aurait pu le soupçonner au départ du roman.

Il est vrai que la misogynie très prégnante au quai des Orfèvres est décourageante. Mais les choses évoluent. Une femme très compétente et expérimentée en a pris la tête (d'ailleurs François Chanel éprouve des sentiments ambigus envers la dame : entre respect et fort agacement pas vraiment justifié).

L'arrivée d'une nouvelle stagiaire, qui fait des prouesses pendant l'enquête, fait changer également le regard sur la place des femmes au sein de la brigade.

Dans le récit, l'auteur permet aux femmes de, se rebeller, se révolter, montrer leurs compétences et leur ingéniosité, se venger... Pourtant la parole reste essentiellement masculine et cela trouble un peu leur visibilité.


Un autre personnage m'a vraiment fasciné : Alain, intervenant extérieur qui participe à l'enquête

Frappé par la foudre, le jeune homme est atteint du Syndrome du Savant Acquis, ainsi que d'amnésie. Sujet aux migraines et aux crises d’épilepsie, un peu paumé, il trouve refuge chez le commandant Chanel et dans la musique qu'il pratique avec enthousiasme.

Dans l'enquête, son raisonnement acéré, capacité acquise grâce au symptôme aide les enquêteurs. On retrouve en lui un « Scherlock » mélancolique, paumé, au passé trouble.

Il développe une relation un peu « père-fils », « élève-mentor » avec François.

J'aurai aimé qu'il soit plus présent dans le récit tant ce personnage à la fois sensible et fragile, mais aussi froid et rationnel dans ses raisonnements, m'a charmé !


En conclusion, j'ai apprécié le style soigné et la narration fluide et rythmée de ce polar. Les personnages proposés sont intéressants (même si ceux qui m'ont le plus plu étaient un peu plus effacés). L'intrigue répond aux codes classiques du roman policier, reste simple, mais des sous intrigues nombreuses viennent brouiller les pistes.

Je ne sais si Execution aura une suite (en tout cas le roman se prête bien à une série), mais si c'est le cas j'aimerai le lire et y retrouver les personnages que j'ai apprécié.

Je remercie Pascal Marmet pour cette lecture et pour sa confiance.



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